La prescription de la rééducation périnéale du post-partum est très variable d’un pays à l’autre, tant dans les indications, la fréquence des séances, les types d’exercices et la prise en charge par les Assurances Maladie. J’avais proposé une classification du post-partum en 1982 et la rééducation post-natale a été prise en charge par le décret N°85-863 du 2 août 1985. Il y a donc de nombreuses années que cette rééducation existe et est remboursée en France, par la CNAM. Sur son site www.ameli.fr, on peut lire : « Des séances de rééducation périnéale peuvent être prescrites après l’accouchement, … et prises en charge à 100 % par l’Assurance Maladie, dans la limite des tarifs de base »
Il existe un cliché de longue date dans le monde selon lequel en France, les femmes reçoivent un traitement spécial après avoir accouché. Une simple recherche en ligne des termes « rééducation périnéale et rééducation périnéale post-natale » font apparaître une multitude de sites en France. Ceci peut expliquer des témoignages de celles qui cherchent à faire de la France le pays dont les femmes peuvent bénéficier d’un vrai coaching périnéal. Citons quelques extraits d’articles qui soulignent bien cette particularité française. Dans The Guardian « We will teach you to make love again » écrit Janine Di Giovanni. Claire Lindberg remarque, dans The Telegraph « The French Government Wants To Tone My Vagina ». Bonnie Rochman commente « Why France Pays for Postpartum Women to “Re-Educate” their Vagina ».
Nous avions donc entrepris une étude internationale sur ce sujet. La première question, qui semblait évidente, est : que font les autres pays concernant la rééducation périnéale du post-partum ? Pour ce faire, une enquête intitulée « International Survey Questionnaire On Pelvic Floor Rehabilitation After Childbirth » avait été conduite dans 28 pays par questionnaires et présentée au congrès de l’International Continence Society (12-16 septembre 2017). On peut dire que le sujet a suscité beaucoup d’intérêt et il est à noter que bon nombre de leaders d’opinion ont même ajouté des commentaires fort pertinents sur notamment : le côté systématique de cette rééducation sur des femmes asymptomatiques, la diversité des techniques et le bénéfice coût-avantages sur le long terme. Le faible taux de pratique de la rééducation postnatale dans les 28 pays concernés est dû au fait que seules les accouchées symptomatiques sont prises en charge quand on la pratique ! Dans la majorité des cas ce sont les assurances privées (type mutuelle) qui prennent en charge à hauteur de 50 % maximum, enfin les tarifs sont très variables.
Lors de ce meeting un comité d’experts internationaux avait suggéré quelques propositions : pendant la grossesse, une information systématique sur l’anatomie du périnée et sa fonction ; un testing à partir du quatrième mois ; des exercices de Kegel recommandés aux femmes qui présenteraient une faiblesse périnéale ; une rééducation à partir de la 6ème ou 8ème semaine pour les parturientes uniquement symptomatiques ; la place de la chirurgie serait à discuter un an après l’accouchement.
S’il est vrai que nous avons cette chance de pouvoir bénéficier en France, de la prise en charge de la rééducation après accouchement, il est nécessaire après presque 40 années de revoir les indications et les techniques. Il faudrait encore se poser la question : avec toutes ces séances pratiquées après accouchement depuis tant d’années, est-ce que la France aurait l’avantage de présenter moins de dysfonctionnement du plancher pelvien ? Aurait-on diminué le nombre de chirurgie et comment aussi expliquer cette nouvelle prise en charge par le laser et la radiofréquence ?
Enfin on pourrait également citer les changements corporels du post-partum qui pourraient être pris également en considération, hors « le périnée ». Certains changements sont physiques et d’autres émotionnels. Ces transformations ne sont pas systématiques et peuvent être isolées ou associées à la pathologie périnéale. Parmi celles-ci : la surcharge pondérale, les jambes lourdes, les lombalgies, les vergetures, le diastasis, la poitrine, … et bien entendu la dépression et l’anxiété post-partum qui font partie de la santé globale et méritent leur propre prise en charge.
Alain BOURCIER, Consultant en périnéologie, Centre Imagerie Cardinet
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