Les progrès récents, en imagerie tant mammographique qu’échotomographique, sont extraordinaires et ont modifié profondément l’approche diagnostique. Rappelons que l’image n’est pas l’objet et que le diagnostic de cancer est histologique.
Les premières images mammographiques ont été pratiquées en 1913 à Berlin par le Professeur Albert SALOMON, amélioration extraordinaire en 1944 en Amérique du Sud par Raoul LEBORGNE qui a utilisé un appareil de bas-voltage et une compression du sein permettant le développement de la mammographie.
C’est ensuite, dans les années 60, que Charles- Marie GROS à Strasbourg et André WILLEMIN à Paris, ont développé l’imagerie mammographique utilisant, d’une part une anode au molybdène, d’autre part des films argentiques très précis.
Pour le radiologue diagnosticien A Willemin il ne saurait être question d’interpréter une mammographie sans avoir personnellement interrogé et examiné la patiente.
Les progrès de l’imagerie ont alors été très rapides et sont quasiment quotidiens. L’utilisation de filtres et d’anodes améliorés ont permis une diminution extrêmement rapide des doses délivrées.
L’apparition de la numérisation ou digitalisation des images argentiques a permis des progrès extrêmement rapides, diminuant encore les doses. Cependant, rappelons que la résolution du film argentique était de 15 à 20 microns, elle est passée à 100 puis 50 microns avec les appareils numériques les plus performants.
Mamographie :
• Les progrès des dernières années
Avec l’apparition de capteurs de résolution 50 microns, l’imagerie en coupes ou tomosynthèse a permis une étude très fi ne, entre 30 et 100 coupes de 1mm d’épaisseur par sein, avec une irradiation faible, de l’ordre de 0.9 à 1.5 fois la dose moyenne par cliché ; ce qui a permis pour la technicienne et le médecin un accès en quelques secondes aux images qui doivent être lues sur les écrans de haute résolution (entre 5 et 12 millions de pixels), avec une détection de signaux qui restent de l’ordre de 50 microns.
Il existe une lecture 3D avec vision stéréotaxique qui permet une analyse très fine des microcalcifications, améliorant leur détection et étudiant leur trajet et l’orientation vers le mamelon ou non : aide à la décision extrêmement performante.
• La tomosynthèse a donc bouleversé la lecture des images mammographiques en apportant une meilleure détection des cancers du sein (plus de 40% pour certaines études), en particulier dans les seins denses et surtout une amélioration de la surveillance des seins traités.
Elle permet en plus de cibler particulièrement l’analyse aux ultra-sons.
On observe sur les mammographies de tomosynthèse, une meilleure analyse des contours et des spicules.
-il y moins de faux-positifs.
-une bonne détection des anomalies architecturales (cicatrices radiaires)
-une bonne localisation des microcalcifications
-une diminution du nombre des clichés et donc de la dose délivrée.
• Bientôt peut-être l’holographie améliorera la qualité de lecture
La numérisation permet donc aujourd’hui une détection précoce des signaux améliorée par les C A D computed aided dignostic qui détecte par niveaux de gris des signaux imperceptibles à l’œil humain.
L’intelligence artificielle I A est en cours de développement qui devrait permettre rapidement après comparaison automatisée des images une détection précoce (reconnaissance des formes) constitution de banques données (réseaux de neurones).
Mais si la qualité et la quantité d’informations et de signaux de plus en plus petits 50 microns a considérablement augmenté la sensibilité de la détection, ils peuvent parfois diminuer la
spécificité et alors faire surgir un doute ce qui explique la grande modestie de certains radiologues.
L’ECHOGRAPHIE
Elle a remplacé la palpation couchée lors de l’examen clinique, et a elle aussi bénéficié avec la mise en oeuvre de haute fréquence (14 à 24 mhz) d’un gain de performance.
On peut ainsi détecter entre noyau solide et formation liquidienne jusqu’à 200 microns d’épaisseur.
L’amélioration du doppler pulsé décèle la présence d’une éventuelle angiogenèse incitant la poursuite des investigations (IRM).
Enfin, les prélèvements sous échographie ont atteint une précision extrême avec la possibilité de mise en place de clips de repérage.
L’imagerie tant radique qu’échotomographique continue de progresser.
Les études actuelles de ce que l’on appelle l’Intelligence Artificielle sont très prometteuses, on en est aux balbutiements et les choses vont vraiment très vite.
D’autre part, il existe actuellement des réseaux d’imagerie qui permettent une lecture à distance, après transmission du dossier clinique (très importante) améliorant l’aide à la décision par des experts.
L’Intelligence Artificielle ne remplacera pas tout mais on est en train de passer d’une aide à la détection à une aide à la décision qui devrait permettre de limiter les biopsies, les interventions chirurgicales et les traitements lourds.
Pierre-Alain Goumot
Radiologue, Paris
12 commentaires