Tant pis pour toi si tu es pauvre et sans diplôme!
Voici venir l’été et les esprits vont s’apaiser avec la chaleur ambiante et le ciel bleu.
Il est temps de faire nos premiers comptes de ce que l’on nomme parfois pudiquement les «effets collatéraux» de la crise des pilules. Et, bien que nos Autorités se réjouissent du nouveau choix diversifié des Françaises, je m’interroge quant à moi sur les conséquences néfastes et possiblement fastes de cette crise en regardant la photographie du nouveau paysage contraceptif français (1).
Les 15/19 ans ont vraiment «obéi»: – 20% de CHC 3 et 4G versus + 13% 1 et 2G.
Mais + 2 % optent le «retrait l’abstinence et les méthodes locales» et + 1 % le DIU.
Les 20/24 ans ont aussi écouté: – 16% de CHC 3 et 4G mais seulement + 6% vers les 1 et 2G:
Alors que + 3% DIU, + 4 % préservatif seul et + 4% «retrait, l’abstinence et les méthodes locales»
Les 25/29 ans, elles, abandonnent quasiment la pilule (!) : – 21% 3 et 4G versus seulement + 4% de 1 et 2G et… Alors que + 9% DIU, + 9% préservatif seul et + 2% «retrait, abstinence et locales».
Les 30/39 ans (la décade des grossesses) modifient peu leur habitudes contraceptives: – 7% 3 et 4G versus + 4% pilules 1 et 2G, + 3% préservatif seul, + 4% DIU et + 3% (retrait, abstinence ou locales)
Enfin les 40/49 ans bougent peu leurs habitudes.
Certains points méritent d’être soulignés:
– Le recours à la pilule a baissé, passant de 50% à 41% entre 2010 et 2013.
– Finalement les transferts vers des pilules de 1 et 2G est – pour l’ensemble des 15/49 ans- de très faible ampleur (22% d’utilisatrices de 2G en 2010 et 23% en 2013).
– Les pilules de 3 et 4 G perdent 15 points: 40% en 2010 versus 25% en 2013.
Les catégories sociales les plus précaires ont maintenant beaucoup plus recours au retrait, à l’abstinence et aux méthodes locale : par exemple les femmes d’Afrique subsaharienne ont fortement réduit leur usage des pilules (– 39%) pour se tourner vers les méthodes dites «naturelles»
– Les femmes sans diplôme ont davantage que les autres délaissés les pilules récentes au profit des méthodes les moins efficaces (dates, retrait) ; celles qui détiennent un CAP ou un BEP ont d’avantage opté pour le préservatif, et les plus diplômées (Bac + 4) d’avantage pour le DIU.
– Les taux d’échec contraceptif dans «la vraie vie» (2): préservatif = 15%; locales = 29/32% ; dates = 25% ; retrait = 27%.
Alors tout ça pour ça?
– Combien d’IVG en plus chez les femmes défavorisées?
– Les 25/29 ans (+ 9% préservatif et + 9% DIU) vont-elles réellement diminuer leurs risque de santé lorsque l’on sait le taux important d’échec des condoms et les risques des DIU (1 perforation/1 000 poses) et combien d’infections CT en plus?
Et, enfin et surtout, après ce grand chambardement verra-t-on vraiment maintenant diminuer le nombre des thromboses veineuses, rappelons-le, exceptionnelles et la plupart sans conséquence graves ?
Bon été!
David Elia
REFERENCES
1. Nathalie Bajos. La crise de la pilule en France : vers un nouveau modèle contraceptif ? Numéro 511 , mai 2014 , Population & Sociétés
http://www.ined.fr/fichier/t_publication/1685/publi_pdf1_population_societes_2014_511_crise_pilule.pdf
2. Trussel & Wynn, reducing unintended pregnancies in the UnitedStates Oxford Journal , Volume 77, Issue 1, Pages 1-5, January 2008
http://humupd.oxfordjournals.org/content/17/1/121/F1.expansion.html#ref-123
Article paru dans le Genesis N°179 (juin 2014)
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