Une femme sur 5 !
On vous insulte, on vous vexe ou menace, on vous tient des propos obscènes, vous êtes assaillie d’appels téléphoniques, de SMS, de mails malveillants, voire de visites au domicile… C’est le plus souvent une succession d’événements à huis clos plutôt qu’une agression sexuelle majeure: une main sur l’épaule ou dans les cheveux, une pression de main trop longue, des clins d’œil répétés, des paroles ambiguës, qui vont progressivement provoquer un stress majeur… C’est insidieux, et cela «infuse doucement» en vous, cela vous pourrit progressivement la vie.
Vous voici intimidée, humiliée, à la merci de votre harceleur… pour lequel vous n’êtes plus qu’un objet de convoitise sexuelle 20% des femmes ont déjà été victimes harcèlement sexuel sur leur lieu de travail et parmi elles, seulement 1 sur 3 porte plainte (1).
Ce qui définit le harcèlement est le non consentement. Mais très souvent il n’y a pas de témoins, peu de preuves contre le harceleur qui d’ailleurs, une fois sur 2 est votre supérieur hiérarchique ! Alors progressivement, vous dormez mal, ne mangez plus assez ou trop, devenez irritable, agressive avec votre entourage, perdez confiance en vous. Vous remettez en cause votre façon de sourire, de vous habiller, de marcher…Vous offrez à votre harceleur un faciès rébarbatif, ne vous maquillez plus, vous enlaidissez volontairement, abandonnez la robe ou la jupe pour le pantalon, vous cachez vos formes… «Pourquoi moi, où est l’erreur ?» culpabilisez-vous.
Contre-attaquer reste toujours risqué pour votre emploi et si, à l’inverse «pour en finir», vous accordez telle ou telle faveur sexuelle pour avoir la paix tant espérée, sachez que ce sera, le plus souvent encore, pire après. Quand à vos proches, au début ils doutent souvent de vos dires:«tu te fais des idées, «tu es parano» ou pire : «tu l’as surement cherché !».
Mal de dos, perte de libido, insomnies, perte ou prise de poids, gastralgies, céphalées de tension, ménométrorragies fonctionnelles, troubles du cycle, mastodynies… tout le catalogue des troubles psychosomatiques y passe. Nous devons absolument conseiller à nos patientes de, si tant est qu’elles nous mettent au courant : réagir énergiquement sans tarder, demander le soutien du délégué(e) du personnel ou du responsable syndical, alerter l’inspection du travail qui diligentera une enquête, saisir l’employeur qui est garant des conditions de travail, porter plainte au commissariat de police ou auprès du procureur, se diriger vers un avocat spécialisé, le médecin du travail, la consultation spécialisée telle que «SOS harcèlement sexuel» (2) ou les Associations (3)…
Le harcèlement sexuel est passible de deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende. Mais très rares sont les harceleurs condamnés. Et 40 % des harcelées s’estiment grandes perdantes des procédures judiciaires entamées !
(1) Enquête sur le harcèlement au travail, IFOP 2014
(2) Centre d’accueil des victimes du harcèlement sexuel. Pr PERETTI, CHU Saint-Antoine et Tenon. No Vert: 0
800 00 46 41.
(3) Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail (AVFT). Tel: 01 45 84 24 24 – BP
108 – 75561 Paris Cedex 12
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