L’éradication du cancer du col utérin, un objectif à notre portée !
Chaque année en France, on recense plus de 3 000 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus et environ 1 100 décès. Leur nombre n’a pas vraiment diminué depuis plus de quinze ans, et son taux de survie se dégrade. Le taux de couverture demeure insuffisant (moins de 60 %) et la sensibilité de la détection du frottis demeure médiocre. Tous les cancers du col sont dus à la persistance d’une infection à papillomavirus (HPV) à risque, mais l’évolution vers un cancer est en général su samment longue pour permettre de le détecter précocement et pertinemment pour le prévenir.
La prévention du cancer du col est une intervention globale qui intègre la vaccination HPV des moins de 20 ans et le dépistage des plus de 25 ans. Ces 2 interventions qui s’adressent à des cibles di érentes ont un impact optimal lorsqu’elles sont complémentaires.
Depuis quelques mois des mesures fortes ont été prise en France :
- Le dépistage est désormais inscrit dans un programme organisé national (2018)
- Des recommandations de 2019, indiquent que de nouvelles stratégies de dépistage primaire basé sur le seul test HPV après 30 ans en remplacement du frottis (HAS)
Ces changements, parfois complexes, bouleversent le rituel des pratiques et justifient un accompagnement pédagogique des professionnels et des femmes. Un des enjeux majeurs est de réduire les surconsommations d’examens, les traitements abusifs et les inquiétudes inutiles que ces nouvelles stratégies risquent de générer et d’adopter de nouveaux réflexes de prise en charge. Une nouvelle application d’aide à la décision simple et facile d’utilisation est disponible gratuitement (360 médics sur Apple store, sur la barre ‘’recherche’’ mentionner ‘’HPV’’). Elle permet aux professionnels de trouver instantanément la conduite à tenir adaptée dans chacune des situations à laquelle ils sont confrontés.
Alors que le dépistage ne concerne que le col utérin des femmes adultes et n’agit que par la détection des CIN HG pour prévenir le cancer, la prévention vaccinale des jeunes fi lles et des garçons protège durablement et solidement des infections à HPV, des pré-cancers (CIN HG) et des cancers du col, de la vulve, de l’anus, de l’oropharynx et de leurs conséquences délétères ; c’est un bouclier très e cace contre la maladie à tous les étages cibles. Pour le cancer invasif du col la preuve est faite d’une protection dans la vraie vie de 88 % des femmes jeunes ayant été vaccinées avant l’âge de 17 ans, et de 53 % en cas de vaccination entre 17 et 30 ans. Près de 400 millions de doses du vaccin à 4 valences puis du vaccin à 9 valences ont été distribués dans le monde, ce qui a permis de mesurer leur impact lésionnel majeur, leur sécurité d’utilisation en vie réelle, avec un recul de 10 à 14 ans et l’immunité de groupe qu’ils ont la capacité d’induire lorsque la couverture vaccinale est élevée. L’extension de la vaccination aux garçons, qui sont non seulement transmetteurs mais qui présentent aussi des pathologies propres, est tout à fait justifiée.
Avec une protection attendue de plus de 85% des CIN HG du vaccin nonavalent, on peut anticiper, dans les années à venir, que le dépistage des femmes vaccinées pourrait démarrer plus tard et serait beaucoup plus espacé. Les modélisations disponibles indiquent, que le risque vie résiduel de cancer du col et de conisations chez les femmes dépistées est réduit par 3 chez les vaccinées comparé aux non vaccinées.
Avec la conjonction et la coordination d’une couverture vaccinale optimale des jeunes et d’une large participation au dépistage HPV des adultes non vaccinées la perspective d’une éradication du cancer du col utérin et des autres cancers HPV associés dans 2 décennies à venir devient une réalité à notre portée.
Joseph MONSONEGO, Paris
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