LES FEMMES À LA PAGE
Fontaines, Histoire de l’éjaculation féminine de la Chine ancienne à nos jours.
Stéphanie Haerdle aux éditions Lux Editeur.
Et si l’histoire de l’éjaculation féminine nous permettait de lire aussi en filigrane une histoire du corps féminin et de sa sexualité ?
69% des femmes éjaculent pendant le sexe, on les nomme plus communément « femmes fontaines », même si le terme peut porter à confusion puisque les éjaculations féminines sont variées et qu’il n’est parfois question que d’une simple cuillère à café de semence. Ce liquide difficilement identifiable fera couler beaucoup d’encre à travers le temps, puisqu’encore aujourd’hui la question de l’origine de celui-ci reste en suspens. Il ne sera pas question dans cet ouvrage de faire la distinction entre une provenance prostatique ou urètrale, le résultat est le même : la femme elle aussi éjacule !
Un ouvrage digne d’un thriller historique, où l’auteure off re un condensé de ses recherches sur la sexualité féminine, indispensable pour penser la femme dans la société d’aujourd’hui et faire en sorte que les découvertes d’hier ne tombent plus dans l’oubli comme ce fut le cas de la prostate féminine connue dès la Grèce antique, du clitoris décrit par Reinier de Graaf au XVIIème siècle et par l’anatomiste allemand Georg Ludwig Kobelt au milieu du XIXème siècle.
Un sujet passionnant dans la lignée de l’histoire des mentalités.
Ceci est notre Post-Partum
Illana Weizman aux éditions Marabout
Après avoir lancé sur les réseaux sociaux, son #MonPostPartum permettant à de nombreuses femmes de raconter cette période complexe et silenciée, Illana Weizman propose aux femmes de déculpabiliser avec cet ouvrage « Ceci est notre post-partum ».
Elle se rend compte en écrivant son livre que la définition du post-partum est assez floue. Les contours de cette période sont fluctuants, imprécis.
Ne nous leurrons pas, rares sont les représentations (artistiques, culturelles) de femmes post-accouchement en dehors de l’image d’Epinal de la femme tenant dans ses bras son nouveau-né tout juste sorti de l’utérus, une image que l’on voudrait de femme heureuse ( ce qui est le cas la grande majorité du temps ), de femme comblée, qui oublierait à ce moment la douleur subie en amont.
Difficile donc pour celles qui souffrent de témoigner, elles se sentent coupables de formuler cette douleur longtemps intériorisée. L’auteure s’attache à « défaire les mythes et les tabous » et insiste sur l’importance du vocabulaire, le post-partum qui peut se déclarer 1 mois voire 2 ans après l’accouchement est à ne pas confondre avec le baby blues.
Si je veux
Johanna Luyssen aux éditions Grasset.
On pourrait croire que Johanna Luyssen, journaliste à Libération et auteure de cet essai se contenterait de nous parler de son parcours de PMA, un parcours qu’elle a choisi de faire en solo, en tant que femme et future mère célibataire et pourtant c’est plus une ode à la vie qu’elle off re à ses lecteurs.
Une vie parfois rude, injuste, une vie où en tant que femme on souhaiterait pouvoir tout mener de front, une carrière et une vie intime enrichissante sans avoir à faire face aux dead line biologiques, aux poids de la génétique, aux difficultés des relations amoureuses.
Johanna évoque son choix d’être mère, une mother single by Choice, dans une société qui tend à évoluer à ce sujet.
Le choix du Professeur Patrick Madelenat
Au début du troisième millénaire Jacques Lansac, alors président du CNGOF, regrettant l’absence de tout manuel de référence en langue française concernant la sexologie, sollicita Patrice LOPES, coordinateur d’un projet qui vit le jour en 2007.
Depuis bientôt 20 ans le Manuel de Sexologie publié sous l’égide du CNGOF et de l’AIUS a comblé cette lacune et connaît un succès d’édition certain du fait de la qualité de ses textes et de l’exhaustivité des thèmes abordés.
Vingt ans après (…ou presque…) il semblait nécessaire de reprendre cet ouvrage, d’actualiser certains chapitres et d’y ajouter de nouveaux thèmes. On sait combien la société a évolué ces deux dernières décennies sur certains sujets sensibles qui font hélas trop souvent les beaux jours des médias grand public.
C’est donc le mérite de ce nouvel ouvrage de faire le point purement scientifique sur certains sujets nouveaux tout en conservant l’essentiel des chapitres qui constituent le fondement scientifique immuable de la sexologie classique à savoir l’embryologie, l’anatomie et la physiologie. On ne s’étonnera pas de voir certains chapitres profondément modifiés au contact d’une évolution sociale dont on a pu suivre l’importance et parfois les incertitudes ces dernières années.
En ce sens le lectorat auquel ce manuel est destiné ne saurait se limiter à ceux qui par leur pratique essentielle appartiennent au premier cercle de la sexologie. Ainsi les gynécologues obstétriciens confirmés ou en formation mais aussi les andrologues et les sages femmes tireront bénéfice de la lecture de cet ouvrage comme d’ailleurs certains médecins généralistes dont la pratique inclut toujours plus souvent la médecine et l’accompagnement des femmes au sens large du terme.
Il faut donc remercier Patrice LOPES de s’être remis à la tâche et souhaiter à cette quatrième édition le même succès qu’ont connu les précédentes.
Soisic Belin, Journaliste indépendante
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