Quelles valeurs pour la TSH ?
La TSH est le dosage clé pour apprécier le fonctionnement thyroïdien tout au long de la vie. Les valeurs seuil et objectifs varient selon les périodes ou les états physiologiques (grossesse).
La fonction principale de la TSH, hormone glycoprotéique formée par l’association non covalente de 2 sous unités alpha et béta, est de réguler la synthèse et la libération des hormones thyroïdiennes. Elle est stimulée par la TRH hypothalamique et freinée par un rétro contrôle des hormones thyroïdiennes.
Il ne s’agit pas d’une sécrétion continue mais pulsatile (environ toutes les 2 heures), avec un pic nocturne vers 2H du matin et un nadir dans l’après-midi. Pour comparer les taux chez une même personne, il est donc préférable de faire les dosages à des heures de la journée comparables.
Certains médicaments sont susceptibles d’affecter le fonctionnement thyroïdien et la TSH : amiodarone, lithium, interféron, corticoïdes, dopaminergiques…
Ainsi en cas de dépression sévère la TSH peut être abaissée sans qu’il y ait d’hyperthyroïdie. Il en est de même dans 5% des grossesses en raison de l’activité TSH like des HCG.
Les taux dits « normaux » de TSH fluctuent entre 0,4 et 4 mUI/l ce qui en fait une fourchette assez large. En deçà et au-delà de ces taux, il est préférable de demander en fonction de la clinique, un dosage de T4 libre (T4L) pour mieux évaluer la présence éventuelle d’une pathologie.
Le dosage des anticorps anti-thyroperoxydases (TPO) est utile à ce stade de la recherche d’une thyroïdite d’Hashimoto dont l’histoire naturelle conduit fréquemment à un passage d’une hypothyroïdie frustre à une hypothyroïdie avérée.
Les dernières recommandations des sociétés savantes internationales et de la HAS reprennent ces seuils.
EN DEHORS DE LA GROSSESSE
- Pour une TSH entre 0,4 et 4 mUI/L, pas de traitement.
- Pour une TSH > 4 mUI/L, sur au moins 2 prélèvements à 2-3 mois d’intervalle, sans anomalie de la concentration de thyroxine libre (T4L), on parle d’hypothyroïdie frustre à surveiller (clinique et biologie). Il est recommandé de doser à nouveau la TSH et la T4L à distance après les dosages initiaux avant de décider de débuter, ou non, un traitement. La présence d’anticorps anti-thyroperoxydase sera un argument supplémentaire pour le traitement.
- En cas de TSH > 10, le traitement est recommandé.
L’hypothyroïdie est avérée et doit être traitée en cas de présence de signes cliniques d’hypothyroïdie associée à une TSH > 4 mUI/L et une T4L basse.
La TSH peut être élevée avec T4L élevée, il s’agit alors d’un adénome hypophysaire thyréotrope.
Lorsque la TSH est < 0,4 mUI/L, là aussi la clinique est importante aidée par le dosage de T4L et des anticorps (TRAKs en cas de suspicion de maladie de Basedow et/ou TPO en cas de suspicion de thyroïdite d’Hashimoto).
Une TSH basse avec une FT4 normale, peut se rencontrer lors de prises médicamenteuses, de stress chronique ou dépression.
Une TSH Basse avec une FT4 élevée signe une hyperthyroïdie pour laquelle le dosage des anticorps précisera l’étiologie et la conduite thérapeutique.
PENDANT LA GROSSESSE
Les valeurs de TSH pour lesquelles une intervention thérapeutique est recommandée sont abaissées2.
Actuellement on considère qu’une femme souhaitant débuter une grossesse ou étant enceinte, en cas d’antécédents familiaux ou personnels de dysthyroïdie et/ou de la présence d’anticorps TPO, doit avoir une TSH < 2,5 et une surveillance mensuelle de la TSH et T4L pour adapter le traitement pendant la grossesse (généralement augmentation des doses de 25%)3.
A l’inverse une TSH abaissée ne signe pas une hyperthyroïdie.
Si la T4L est normale, il s’agit probablement de l’effet TSH Like des HCG lors du premier trimestre avec normalisation progressive de la TSH lors du second trimestre. Un contrôle mensuel de TSH et T4L permettra d’en suivre la progression.
Si la T4L est élevée, on est en présence d’une hyperthyroïdie avec les mêmes étiologies qu’en dehors de la grossesse et un avis spécialisé est recommandé pour la prise en charge.
L’auteur ne déclare pas de liens d’intérêts envers cet article.
Jean-Michel Borys, Endocrinologue, Paris 17
RÉFÉRENCES
- https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2019- 03/fi che_pertinence_hypothyroidie_vf.pdf
- Alexander EK et al, Thyroid. 2017;27:315-389. Guidelines of the American Thyroid Association for the diagnosKis and management of thyroid disease during pregnancy and the postpartum
- https://www.sfdiabete.org/fi les/files/JNDES/2017/jndes_2017_ borson.pdf
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