Nous savons combien les avancées en matière de droits des femmes et de droits humains sont fragiles car très récentes (en France, la loi Veil a été votée le 17 janvier 1975, c’est-à-dire il y a moins de 50 ans) et nouvellement combattues par les tenants conservateurs d’un ordre masculin obsolète (cf. l’Effacement des femmes*).
C’est chose faite au Texas où une loi très restrictive, dite Heartbeat Act, « loi du battement de cœur », vient d’être adoptée, interdisant tout avortement à partir du moment où un battement de cœur de l’embryon est détecté, soit à environ six semaines d’aménorrhée. Circonstance aggravante, cette loi se double d’une incitation à la délation, récompensant d’une prime de 10 000 $ tout citoyen dénonçant une personne liée à un avortement. On ne peut être que révolté, lorsque l’on sait l’importance des deux outils que sont la contraception et le recours possible à l’IVG pour l’existence libre et sociale des femmes. Nous devons y être particulièrement attentifs quand, plus près de nous en Europe, la Pologne a déjà eu la même démarche, la Hongrie veut prendre le même chemin, d’autres encore en sont tentés.
Cher David, toi qui as été de tous les combats pour les femmes, qui a été l’un des premiers à militer pour la reconnaissance de la contraception et la dépénalisation de l’IVG, et ainsi permis cette liberté nécessaire aux femmes de décider de la poursuite ou non d’une grossesse, de décider de leur vie de femme, tu te joins évidemment à nous pour dénoncer ce crime envers les femmes et redoubler de vigilance contre cette liberté si difficilement acquise mais ô combien fragile.
* Voir l’Effacement des femmes sur le blog Liberté-Égalité-Sexualité du Monde.fr : www.lemonde.fr/blog/sexologie/
Philippe BRENOT,
psychiatre et anthropologue, directeur des enseignements de sexologie à l’Université de Paris
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