ÉDITORIAL – MAI 68 et… Réseaux Sociaux Même combat !
Mai 68, vous y avez participé ? Moi oui, grand privilège de la génération des baby-boomers à laquelle j’appartiens. Finalement c’était quoi ce grand bazar qui a fait vaciller le Général De Gaulle ? Un immense « ras le bol » de la Société civile s’élevant contre l’autoritarisme des experts de toutes les disciplines – les grands patrons hospitaliers y compris – sans oublier le refus farouche de l’information télévisuelle aseptisée délivrée chaque jour par une ORTF sans concurrence… 52 ans après, voici l’héritage logique et incontournable de Mai 1968 !
Je veux vous parler ici des fameux réseaux sociaux que les peuples ont en adoration. Car il s’agit bien de la suite logique de Mai 68 : le citoyen considère il y a un demi-siècle que c’en est fini de la censure de l’information, de l’acceptation docile des conclusions des autorités de tous poils : politiques, financières, sanitaires, …. Et le voici aujourd’hui ravi d’avoir enfin à disposition ces extraordinaires outils numériques à la hauteur de ses ambitions : Facebook, Instagram, Tik Tok, Snapchat, You Tube, Twitter, LinkedIn… Le citoyen prend le pouvoir et entend faire connaître son avis sur tout et en toutes circonstances.
Mais… L’équation est complexe : comment diable discourir de sujets que l’on ne maîtrise pas du tout ? « On trouve tout à la SAMARITAINE » ! Cet antique slogan parisien des années 80 peut aisément convenir aux réseaux sociaux d’aujourd’hui : on y trouve tout en effet mais le pire est plus souvent là que le meilleur. On peut y lire, en ce qui concerne le domaine médical – mais pas que celui-ci bien sûr – les âneries les plus confondantes affirmées par des citoyens de tous bords totalement décomplexés, s’autorisant avec conviction inébranlable à avoir un avis éclairé sur tout. Quant aux théories du complot, elles font de plus en plus recette. Pourquoi en sommes-nous là ? – La réponse semble relativement simple : vouloir comprendre et commenter les sujets les plus complexes alors que, faute de compétences on n’en a pas les moyens, suppose d’élaborer des explications et réponses simplistes qui alors, même erronées, auront le mérite d’être comprises par la majorité. Dès lors, elles seront réputées vraies et débuteront leur diffusion virale sur les réseaux. Qu’on ne se méprenne pas, je ne plaide pas ici pour le retour à information d’Etat mais plutôt pour une humilité retrouvée de la part de ceux qui « postent » sur des sujets pour lesquels ils n’ont aucune compétence. Utopique, oui sans doute mais il faudra bien un jour trouver une solution à ce fatras étourdissant de fadaises. Croire sans limites les réseaux sociaux et ne plus jamais faire confiance aux experts de chaque domaine, médical mais aussi politique, juridique, économique, architectural, artistique, écologique… ne peut que nous ramener à une nouvelle ère d’obscurantisme.
Je vous souhaite une très bonne année 2021.
L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts pour cet article.
Dr David ELIA, rédacteur en chef
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