En tant que sage-femme, nous rencontrons des femmes de tout âge en consultation de gynécologie. Ainsi les symptômes concernant la périménopause et la ménopause, représentent des contextes récurrents de consultation et les bouffées de chaleur constituent un symptôme fréquent.
Dans notre pratique courante de sage-femme nous sommes soumis à des restrictions dans la prise en charge gynécologique des patientes, notamment liées à notre droit de prescription dont les spécialités autorisées figurent sur une liste restreinte. Ainsi dans le cas du traitement des bouffées de chaleur, la prescription du THS (Traitement Hormonal Substitutif) ne nous est pas autorisée. De ce fait nos axes thérapeutiques se tournent de plus en plus vers des médecines dites complémentaires telles que la médecine traditionnelle chinoise dont l’acupuncture, l’auriculothérapie, l’homéopathie ou encore l’aromathérapie.
Ces variations hormonales que nous connaissons bien s’expliquent différemment en médecine traditionnelle chinoise (MTC). La ménopause est une étape physiologique décrite dès le premier chapitre du Su Wen (le plus ancien traité d’acupuncture, écrit par l’empereur Huang Di l’Empereur Jaune, environ 3000 avant J.C.).
« […] A sept fois sept ans, le Ren Mai (Vaisseau Conception) est vide, le puissant Chong Mai (Vaisseau Vital ou Assaut) décline et se réduit : la fécondité (Tian Gui) est tarie, la Voie de la Terre ne livre plus ses passages (les menstruations s’arrêtent), le corps dépérit, et elle n’a plus d’enfant.» (HUANG DI NEI JING, SUWEN ch1).
En MTC tout est lié : lorsqu’un organe n’est plus à l’équilibre sur le plan énergétique, c’est l’ensemble qui dysfonctionne. Ainsi le vide de l’énergie Yin des reins entraine à son tour un vide d’énergie Yin du foie qui provoque alors une montée d’énergie Yang du foie et/ou du coeur ainsi qu’un vide d’énergie Yang de la rate. L’ensemble entraine le symptôme. Les bouffées de chaleur sont donc la traduction d’une montée d’énergie Yang au visage. Le traitement consistera donc à renforcer l’énergie Yin et Yang des reins et maîtriser le Yang du Foie ce qui permettra l’atténuation des symptômes. Les points seront choisis après l’établissement d’un diagnostic énergétique précis, qui en plus de l’interrogatoire passe par la prise de pouls chinois (qu’on peut comparer à un scanner de l’état énergétique du corps dans sa globalité et des organes un par un) et l’étude de la langue (véritable cartographie des organes). Chaque point apparaissant comme indiqué sera palpé puis soit massé (acupression), soit piqué (acupuncture) et/ou chauffé (moxibustion).
L’auriculothérapie, approche plus récente (P. Nogier, 1951) et plus « cartésienne » utilise les points reflexes de l’oreille pour réguler l’activité de l’hypothalamus et le déséquilibre hormonal induit, à savoir essentiellement la chute du taux d’oestrogènes.
Le principe de l’auriculothérapie est qu’à chaque organe ou système correspond un point réflexe. Un point pathologique peut être découvert à l’aide d’un détecteur électrique (point fonctionnel) ou par la pression : il induit une douleur aigüe (point lésionnel). Le traitement consiste selon le cas à utiliser soit une ou plusieurs fréquences électriques spécifiques appelées « fréquences de Nogier » (A, B, C, D, E, F, G, L) ou un laser infrarouge, soit des aiguilles ou des graines autoadhésives. Les points seront traités sur l’oreille droite chez une droitière et gauche chez une gauchère.
L’homéopathie (Hahnmahn 1860), nous propose des spécialités selon la spécificité de l’individu et des symptômes présents, leur signes et conditions d’amélioration et d’aggravation. Le médicament le plus fréquemment prescrit est Lachesis, parfois Sepia. On pourra leur associer selon le cas :
– En cas de sueurs abondantes : Belladonna si le visage est congestionné ou Veratrum viride si la patiente décrit des battements temporaux en plus ou encore Amylium nitrosum si la bouffée de chaleur vasomotrice apparait et disparait rapidement, avec une hypercongestion.
– Si les sueurs décrites sont peu abondantes et que la peau reste sèche on privilégiera Aconit sur une peau rouge et sèche, Sanguinaria si les joues sont rouges et brûlantes, Melilotus lors d’une épistaxis inopinée.
– Glonoinum, qui n’est autre que de la trinitrine diluée est un médicament intéressant à prescrire dans tous les cas, à utilisation ponctuelle.
Exemple de prescription : 5 granules de Glonoinum 4 CH à la fin de chaque bouffée ressentie dans la journée, autant de fois qu’il est nécessaire.
La violence et le nombre de bouffées diminuent progressivement.
En homéopathie le drainage biothérapique a une place importante et il est fréquemment associé au traitement. Dans notre cas, Vaccinum vitis idea Jeune Pouce Macérat glycériné 1D (airelle) : médicament végétal embryonnaire de la femme à la ménopause pour la maintenir jeune. 50 à 100 gouttes par jour dans un fond d’eau. On pourra utiliser ce même remède en gemmothérapie concentrée (certains laboratoires uniquement) ce qui permet d’en prendre une à cinq gouttes directement sur la langue.
L’hormonothérapie homéopathique a également un intérêt dans la régulation des déséquilibres hormonaux constatés. Sont fréquemment prescrits : Folliculinum 9 CH ou 12 CH, dose au 7ème jour et au 21ème jour du cycle ou du traitement et Progesteronum 4 CH, cinq granules un jour sur deux.
L’Aromathérapie représente un outil intéressant. Très concentrées, biochimiquement définies, les huiles essentielles (HE) montrent leur remarquable efficacité dans de nombreux domaines. Elles peuvent s’utiliser à l’état pur en diffusion atmosphérique, par voie cutanée ou par voie orale. Elles peuvent être diluées en toute proportion dans des huiles végétales ou d’autres excipients tels que les crèmes et les cires. Outre les propriétés oestrogènes-like pour certaines d’entre elles (Sauge Sclarée), les HE ont donc d’autres qualités bien utiles au cours de la ménopause.
Attention aux contre-indications pour certaines d’entre elles (toxicité hépathique si utilisation pure, corrosivité cutanée en application locale, photosensibilité). Les propriétés recherchées seront essentiellement la régulation hormonale, la décongestion lymphatique et veineuse, l’action antispasmodique, équilibrante, apaisante et calmante, rafraîchissante. Dominique Baudoux (Pharmacien Belge, fondateur de Pranarôm* et spécialiste référant en aromathérapie) propose une synergie spécifique pour les bouffées de chaleur : HE menthe poivrée 3 gouttes, HE cyprès de Provence deux gouttes, HE Hélichryse Italienne une goutte, HE sauge Scarlée deux gouttes.
Conseils d’utilisation : deux gouttes sur ¼ de sucre deux à trois fois par jour selon les besoins et deux applications par jour de trois gouttes sur le plexus solaire.
Toutes ces approches sont complémentaires et apportent un soulagement efficace à ces troubles de la vie quotidienne de nombreuses femmes.
D’autant que le risque d’effets secondaires nocifs reste inexistant pour l’acupuncture, l’auriculothérapie et l’homéopathie.
Tereza MIKELIC DUTRIAUX,
Sage-Femme Acupuncteur et Homéopathe
Herblay, Val d’Oise
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