L’état de grossesse chez la femme n’est pas une pathologie, la poursuite d’une activité physique est donc possible. Les conditions de pratique sont à adapter aux modifications corporelles et systémiques de la femme.
Selon de nombreuses études, l’activité physique aurait un effet bénéfique sur le bien être maternel et pourrait contribuer à diminuer certaines pathologies gravidiques. Les effets bénéfiques sont observés aussi à long terme sur le nouveau-né et l’enfant.
Si l’état de santé de la femme enceinte le permet et que celle-ci ne présente pas de contre-indication à la pratique d’une activité physique modérée (activité physique modérée : activité s’accompagnant d’un léger essoufflement), l’exercice physique aura de nombreux bénéfices pour la future mère :
– une meilleure aptitude aérobie. Les capacités pulmonaire et cardiaque sont utilisées de manière optimale.
– l’oxygénation placentaire est améliorée.
– la rétention d’eau et la survenue d’oedèmes au niveau des membres inférieurs sont diminués.
– le sommeil est de meilleure qualité et plus réparateur.
– le tonus et l’énergie sont conservés ce qui accroit le bien être général et diminue l’apparition d’anxiété et de dépression prénatale.
– les lombalgies sont diminuées grâce à un renforcement des muscles du dos, du ventre et des fesses.
– les désagréments liés à la grossesse de type pyrosis et reflux gastro-oesophagien sont diminués grâce à une meilleure activation du système digestif.
– la récupération physique en post natal immédiat est plus rapide. (KinoQuebec, 2007)
– les interventions médicales pendant l’accouchement sont diminuées (meilleur taux d’accouchements par voie basse) entre autres grâce à une meilleure accommodation foetale au niveau du bassin maternel lors de la poussée.
– la durée du travail est quant à elle diminuée avec une phase active de poussée de plus courte durée. (Clapp 3rd, 1990).
Ces dernières années de nombreuses études ont été menées pour démontrer les effets protecteurs d’une activité physique sur l’apparition de pathologies gravidiques telles que :
– le diabète gestationnel (Badon et al, 2016),
– l’hypertension artérielle (Sorensen et al, 2003),
– la prise de poids excessive (Sagedal et al, 2016).
– concernant le foetus celle-ci aurait u n intérêt pour maintenir un poids de naissance physiologique (Besnier et al, 2014), notamment grâce à une meilleure oxygénation placentaire (Jackson et al, 1995).
– une meilleure tolérance du foetus lors de l’accouchement; stress et hypoxie foetale et néonatale diminués. (Clapp 3rd, 1990).
– un pourcentage de masse grasse moins élevé durant les premières années de vie de l’enfant.
Entre autres instances scientifiques, la SOGC (Société des Obstétriciens et Gynécologues Canadiens) a émis 6 recommandations :
1. Il faut inciter les femmes, ne présentant pas de contreindications, à inclure des exercices de conditionnement aérobie (Exercice aérobie : exercice cardiovasculaire qui sollicite et améliore la consommation d’oxygène, en général exercice d’intensité moyenne et de longue durée) et ceux musculaires à leur mode de vie pendant leur grossesse.
2. L’objectif de l’entraînement aérobique durant la grossesse devrait être de maintenir un niveau raisonnable de bonne forme physique pendant cette période, sans chercher à faire des performances ni à s’entraîner pour des compétitions sportives.
3. Les femmes enceintes devraient choisir des activités au cours desquelles elles risquent le moins de perdre l’équilibre ou de causer un traumatisme au foetus.
4. Il faut informer les femmes que l’exercice n’augmente pas le risque de pathologies gravidiques ni ne grève le bon pronostic néonatal de l’enfant.
5. Les exercices de renforcement périnéal, commencés peu de temps après l’accouchement, pourraient réduire le risque futur d’incontinence urinaire.
6. Il faut informer les femmes que l’exercice physique modéré pendant la lactation n’affecte pas la quantité ou la composition du lait et n’interfère en rien avec la croissance de l’enfant.
En pratique : les femmes actives ou non avant la grossesse peuvent pratiquer une activité physique à intensité modérée.
Les exercices cardio-respiratoires suivants s’accompagnent d’une dépense calorique relativement importante et permettent une amélioration de l’aptitude aérobie :
– la marche rapide,
– la bicyclette ou le VTC (vélo tout chemin), éviter le VTT (vélo tout terrain) plus dangereux sur sentiers di ciles,
– le vélo stationnaire seule ou en groupe organisé (« spinning »),
– la natation et l’aquagym,
– les danses et variantes uniquement si les impacts au sol sont réduits,
– le ski de fond et les raquettes,
– les exercices sur un escalier d’entraînement, tapis roulant, appareil « elliptique » ou avec d’autres appareils d’entraînement cardiorespiratoire en salle de sport ou chez soi,
– les exercices de renforcement musculaire pour la chaine postérieure du corps, les bras et les jambes,
– le jogging peut être pratiqué pendant les deux premiers trimestres de la grossesse si la femme enceinte avait une pratique régulière avant de tomber enceinte.
Certains sports sont à éviter : tous les jeux de ballons, l’équitation, la gymnastique artistique, le hockey, la plongée sous-marine, les activités en altitude (plus de 1 600 mètres) notamment le ski alpin, les sports de raquette et les sports de combat. (KinoQuebec, 2007).
Quelques précautions sont à prendre : bien s’hydrater, ne pas faire d’efforts trop intenses (conserver un rythme d’effort modéré, rester en travail aérobie et ne pas passer en phase anaérobie), éviter les risques de coup ou de chute, ne pas rester trop longtemps en décubitus dorsal (allongé à plat dos), ne pas faire de mouvements de trop grande amplitude ou trop brutaux afin d’éviter les risques de blessures articulaires.
En conclusion, la pratique d’une activité physique ou sportive pendant la grossesse est fortement conseillée aux femmes ne présentant aucune contre-indication. Les femmes désirant pratiquer un sport ou continuer une discipline sportive antérieure doivent aller consulter en amont un professionnel de santé (médecin généraliste, gynécologue ou sage-femme) lui autorisant cette pratique au vu de ses antécédents et du déroulement de sa grossesse. Celle-ci devra ensuite s’assurer que le sport pratiqué ne présente pas de risque au cours de la grossesse et que les personnes l’encadrant soient aptes à adapter la pratique aux femmes enceintes.
Audrey BESNIER,
Sage-femme libérale à Chaponost (69),
Titulaire d’un Master 2 en Activité Physique Adaptée et Santé (APA’S).
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