Comment votre exercice a-t-il évolué au cours des 10 dernières années ?
Réponse pessimiste :
En tant que chef de service avec de plus en plus d’administration et de moins en moins de médecine.
Réponse positive :
Avec les formidables progrès de l’Assistance Médicale à la Procréation.
Quelles sont selon vous les orientations futures de la gynécologie obstétrique ?
Réponse optimiste :
Arriver à trouver un équilibre entre la trop grande médicalisation et l’excès de nature. Il va falloir un peu de temps mais il faudrait que les femmes comprennent que la nature n’est pas toujours, loin s’en faut, leur amie (ne pas laisser faire le temps après 1 an de désir d‘enfant, les risques de l’accouchement pour la mère et pour l’enfant) et que les médecins se gardent d’un pouvoir médical opaque. Les femmes ont le droit de décider, les médecins l’ont aussi.
Réponse pessimiste :
les fusions et les fermetures des maternités vont continuer pour ne plus avoir que des maternités de 4 à 5 000 accouchements.
Quelle a été votre meilleure expérience professionnelle ?
Clairement tous les bébés que j’ai aidé à concevoir grâce à l’AMP à Clamart, à Sèvres et maintenant à Saint-Cloud (être considérée comme une fée c’est plutôt bon pour l’ego même si on sait que la baguette n’est pas magique !).
Quelle a été votre principale déception ?
• L’agressivité de certaines patientes et des pouvoirs publics envers les médecins, le gynéco bashing de la dernière année, les réclamations (pourquoi m’avez-vous fait une épisiotomie /un déclenchement/une césarienne ou pourquoi ne m’avez-vous pas fait une épisiotomie/ un déclenchement/une césarienne ?…) ;
• La tentative de mort programmée des services au profit de pôles qui n’ont parfois aucune logique médicale ;
• La transformation de l’hôpital en une entreprise qui doit être rentable négligeant l’aspect médical et humain ;
Quels sont vos espoirs ?
Rendre l’espoir aux médecins jeunes et moins jeunes avec moins de contraintes administratives, plus de médecine et j’ose le dire en rendant du pouvoir aux médecins hospitaliers (entre autres).
M. Sarkozy avait dit en parlant des hôpitaux « un seul pilote dans l’avion : le directeur », mais c’est toujours mieux d’avoir 2 pilotes : la direction ET les médecins.
Joëlle BELAISCH-ALLART
Gynécologue obstétricien, chef du service de gynécologie obstétrique et médecine de la reproduction.
hôpital de Saint-Cloud 92210
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