Cette méthode contraceptive définitive très efficace et qui n’imposait pas d’anesthésie, n’est plus possible en France depuis septembre 2017. Les effets secondaires rapportés par un collectif de femmes ont conduit le laboratoire Bayer à cette décision en vertu du principe de précaution.Or il n’en est rien et quelques explications sont nécessaires.
C’est à Nantes en 2002 qu’ont été posés les premiers implants intra-tubaires permettant une contraception féminine définitive. La méthode sans anesthésie était recherchée depuis que certains anesthésistes refusaient d’endormir les femmes pour une stérilisation arguant, avant la loi de 2001, que cette intervention pouvait être une atteinte à l’intégrité du corps humain.
– Essure est constitué de 3 métaux (Figure 1), un support externe sous forme d’un ressort fait d’un alliage de nickel et de titane, qui permet de fixer l’implant à la jonction utéro-tubaire et un support interne d’acier soutien des fibres de phtalates (polyétylène) qui permettent l’obstruction des trompes (en moins de 3 mois).
Essure est d’emblée apparue comme une excellente méthode, supérieure à la coelioscopie car, on peut la pratiquer en ambulatoire, sans anesthésie. La nouvelle technique s’est donc développée rapidement. En 2010, on posait plus d’Essure que de stérilisation tubaire par clips, le nombre d’ESSURE posé a varié entre 28 000 en 2013 et 24 219 en 2015, soit au total plus de 140 000 systèmes posés.
– Selon une thèse faite à Nantes en 2012, 93,6 % de personnes étaient satisfaites mais il y avait quand même 4,6 % de personnes non satisfaites, en raison de douleurs, d’échecs de la pose, de rares perforations ou de migrations. Un collectif de Femmes réuni dans l’association « RESIST » a répertorié beaucoup d’effets secondaires, et souhaitent obtenir des indemnités du laboratoire Bayer. Le 4 août 2017, l’Irlande a refusé le marquage CE entraînant le retrait des systèmes avec un moratoire de 3 mois, puis le 18/9/2017, Bayer a décidé de retirer du marché Européen et mondial le dispositif ESSURE, exception faite des USA. Certes, c’est un matériel dont l’évaluation n’a pas suivi les mêmes contraintes que les médicaments. Il n’y a jamais eu d’études prospectives randomisées comparant la méthode Essure à la méthode de sténose tubaire par clips de Filshies par coelioscopie. Mais on peut regretter qu’une minorité de femmes ait imposé leur point de vue à la communauté médicale des gynécologues faisant passer le principe de précaution avant la balance bénéfices risques de la méthode pour chaque femme.
On peut comprendre les complications liées aux erreurs de poses, à l’absence de contrôle à 3 mois, le fait que certaines femmes puisse aussi avoir des douleurs car ce sont des ressorts placés dans la corne de l’utérus et dans la trompe, région pouvant être très sensible chez certaines femmes. Mais, les douleurs des clips de Filshies sont identiques. L’allergie est possible mais discutable.
D’autres effets secondaires intriguent plus les professionnels comme les symptômes peu spécifiques et le médecin a du mal à comprendre les problèmes d’audition, de vision, de goût, de brûlures, de douleurs musculaires, articulaires, de grande fatigue etc… Encore plus difficile est de faire le lien d’imputabilité entre le symptôme non spécifique et la présence des « Essure». Ce lien est essentiel à établir avant de proposer d’enlever les implants.
Cette décision de l’ablation des « Essure » doit être réfléchie et impose de contrôler l’étiologie des symptômes, la localisation précise des implants, la présence d’une intolérance au nickel, au titane ou à l’acier. La technique de retrait n’est pas simple (il faut éviter de casser les ressorts) et impose au gynécologue de choisir entre salpingectomie, résection des cornes utérines voir hystérectomie. Toutes ces méthodes chirurgicales peuvent se compliquer et il ne s‘agit pas d’exposer la femme à une complication opératoire grave sans être certain de la soulager.
Certaines femmes peuvent se réjouir, car la conséquence actuelle de la décision des Laboratoires Bayer de retrait de ce système de stérilisation féminine réactualise une ancienne méthode et donne un nouvel intérêt à la stérilisation masculine par la VASECTOMIE. Les hommes seront-ils capables d’assumer cette responsabilité, seul l’avenir le dira ?
L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts pour cet article.
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