A saisir : cabinet de gynécologie à 1 € !
C’est sur le Bon Coin il y a quelques semaines qu’une de nos consoeurs désespérée mais non dénuée d’humour et de détermination de la Mayenne a finalement posté cette petite annonce. L’âge de la retraite passé elle ne trouve pas de gynécologue prêt(e) à reprendre le flambeau après plus de 30 années d’exercice.
Oui la gynécologie médicale, cette médecine interne de la femme est moribonde, nous sommes bien une espèce en menace d’extinction et obtenir un rendez-vous de gynécologie en dehors des grandes villes devient un sport de plus en plus périlleux.
Plusieurs raisons à cela.
En première ligne l’absence de formation des gynécologues médicaux pendant de nombreuses années avec la disparition brutale de la spécialité en 1984 : sa résurrection en 2003 a bien sur eu lieu mais il faudra du temps pour que le compte y soit, s’il l’est jamais. C’était écrit : nous y sommes et la relève des collègues ayant exercé 30 ans et plus n’est pas au rendez-vous. Il faudrait au minimum 8 gynécologues médicaux pour 100 000 françaises à partir de leur puberté…
Ajoutez à cela que … nous vieillissons : moins de 2 000 gynécologues médicaux sont actuellement en exercice et 80% d’entre nous ont plus de 55 ans contre 42 % des autres spécialistes.
Par ailleurs le problème des déserts médicaux n’est pas nouveau mais il s’amplifie.
30% des Français peinent à trouver un pédiatre, 30% ont un accès « restreint » à un gynécologue et 28% à un ophtalmologiste. Cela correspond à une densité de médecins inférieure de 30% à 60% à la moyenne nationale. Découragement face aux contraintes de tous ordres, la médecine libérale d’aujourd’hui séduit beaucoup moins avec ses honoraires de misère en secteur 1, sa charge de travail dépassant allégrement les 35 heures sans RTT à la clé, ses tracasseries administratives et son image. Beaucoup de nos collègues sont devenu(e)s de « véritables « salariés(e)s de la CMU », esclaves d’un système d’assurance maladie obligatoire à bout de souffle : la médecine salariée, par exemple hospitalière, offre aujourd’hui plus d’attraits avec son plateau technique, son emploi du temps plus raisonnable et sa rémunération. N’oublions pas l’attractivité des villes sur les campagnes qui séduit de plus en plus les jeunes… dont – et c’est important – les conjoints occupent souvent des postes dont l’offre est moins importante dans les milieux ruraux. Les jeunes médecins d’aujourd’hui se comportent comme leurs contemporains non médecins : ils souhaitent vivre aux endroits qu’ils connaissent avec des personnes du même monde qu’eux, du même niveau de formation.
Enfin le fameux numerus clausus instauré en 1971 a quasiment organisé la pénurie actuelle : de 8500 candidats admis en deuxième année, nous sommes passés à seulement 3500 de 1991 à 1998 pour ensuite remonter vers 7500 actuellement : ce gros « trou d’air » présente aujourd’hui son addition !
Et c’est ainsi que toutes ces erreurs politiques, véritables absurdités « en série » depuis bientôt un demi-siècle nous mènent inexorablement à la situation actuelle : incurie, dogmatisme, aveuglement, imprévoyance nous ont conduit à la petite annonce surréaliste de notre collègue de Château-Gontier!
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