Quoi de pire, si ce n’est Ebola (et encore, c’est loin) ou Daesh (c’est loin), comment vivre sans mes contacts, mes hashtags, mes selfies (des autres !) ? Comment occuper mes doigts fébriles, comment me passer des couleurs si familières de cet écran, durant les moments moins intéressants (rappelez-vous, il y en a) des conférences et autres présentations? Le monde… sans moi ?
Jugez de mon désarroi devant un avenir aussi noir, marqué par une nuit blanche où ce scénario devenait de plus en plus sombre… Mais j’arrête là, je sens votre compassion, votre empathie pour votre prochaine. Ne souffrez pas plus longtemps: une dame (oui, c’est ainsi qu’elle fut nommée, et elle le mérite bien !) de ménage a aperçu l’ingrat gisant sur le sol, presqu’aussi malheureux que moi : jugez plutôt, il avait tout perdu lui aussi, la chaleur de ma main, les échanges animés de fond de sac à main, et surtout son job !
«On est heureux ou malheureux par une foule de choses qui ne paraissent pas, qu’on ne dit point et qu’on ne peut dire» a écrit Chamfort. Et pour Lacordaire «Le bonheur entre et sort (…) mais il passe». Choisissez, ou prenez les deux !
Michèle Lachowsky
Article paru dans le Genesis N°181 (octobre/novembre 2014)
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