Du RIFFIFI dans les Agences de Sécurité!
On nage en plein polar ! C’est à nouveau le psychodrame entre la France et l’Europe !
FBI contre CIA, ou plutôt ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation) contre EFSA (l’Autorité Européenne pour la Sécurité des Aliments).
Je vous résume si vous n’avez pas bien suivi.
L’ANSES (l’équivalent pour les aliments de l’ANSM pour les médicaments) a réussi depuis quelques années à convaincre nos politiques des dangers du Bisphenol A. Le Bisphénol A est donc légalement déclaré persona non grata sur le territoire depuis le 1er Janvier 2015.
Vous ne savez plus vraiment ce qu’est le Bisphenol A ? – Mais si voyons : le bisphénol A est estrogéno-mimétique et est donc capable de se lier au récepteur α des œstrogènes. Son action serait cependant environ 1 000 fois inférieure à celle de l’estradiol.
Surtout utilisé pour tapisser l’intérieur de certaines boites de conserve et des canettes. Comme révélateur de la coloration à l’impression, il est présent dans un grand nombre de tickets de caisse (les caissières !), de reçus de carte de crédit et de billets de banque (c’est pas bon d’être riches !). Sans oublier la fabrication des biberons.
Mais justement en janvier 2015, PATATRAS ! L’EFSA balaie pour l’heure les atermoiements de notre ANSES. Rien, sur le plan scientifique ne peut justifier la moindre inquiétude et elle conclut en substance que «le BPA ne présente pas de risque pour la santé des consommateurs de tous les groupes d’âge y compris les enfants à naître, les nourrissons et les adolescents». DUR, DUR pour l’ANSES !
Plus, tout en estimant nécessaire de diminuer la dose journalière tolérable de BPA en la faisant passer de 50 microgrammes par kilo de poids corporel et par jour à 4 μg/kg/jour, l’EFSA estime qu’il s’agit là d’une décision quasi superflue : «L’exposition par voie alimentaire ou par l’intermédiaire d’une combinaison d’autres sources est considérablement inférieure au niveau sans danger».
Quant au papier thermique on attend la décision de L’Agence Européenne des produits chimiques (ECHA) en mars prochain : la prochaine gifle attendue ? Les 2 agences ont certes des philosophies différentes : pour l’Europe ce qui n’est pas prouvé n’existe pas. Pour la France ce qui suscite un doute doit être arrêté. C’est le fameux principe de précaution qui fait partie de notre constitution (merci Jacques Chirac !) il nous handicape une fois de plus ici.
En tous cas Ségolène est furieuse : « Je suis très surprise par cet avis, curieusement lancé au moment où l’interdiction du Bisphénol A est entrée en application ». Et la ministre s’interroge même sur le «poids des lobbys» : tous pourris à l’EFSA ? Ambiance !
Cela ne vous rappelle rien cette histoire ? Si, si souvenez-vous l’ANSM qui fustige toutes les pilules hors 2e génération ainsi que la «Diane® morte/ressuscitée» : l’ANSM fut rappelée à la raison par l’Agence Européenne du Médicament qui siffla sèchement la fin de la partie. Le Bisphenol A aura-t-il bientôt à nouveau droit de cité en notre douce France ?
Dr David ELIA – rédacteur en chef
Article paru dans le Genesis N°182 (janvier/février 2015)
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