CE QUE L’ON VOIT
Comédons ouverts ou points noirs, comédons fermés ou microkystes, papules, pustules, papulokystes, nodules, cicatrices sur peau séborrhéique.
Les lésions élémentaires peuvent être isolées ou groupées: l’acné est polymorphe.
QUI ?
20 % des consultations en dermatologie.
80 % des adolescents avec une prévalence globale de 72 %. Maximal
entre 14 et 16 ans chez les filles.
FACTEURS FAVORISANTS
– PREDISPOSITION GENETIQUE
– HORMONAL : androgènes avec récepteurs DHT+++, récepteurs PPAR
– ALIMENTATION : sucres rapides (Récepteurs IGF1)
– STRESS : induit l’expression locale de neuropeptides (substance P; Corticotrophine Releasing Hormone (CRH-R) Alpha MSH1-R).
PHYSIOPATHOLOGIE
1. Augmentation de la production de sébum par la glande sébacée liée aux androgènes (augmentation des récepteurs à la DHT).
2. Anomalie de la prolifération et différenciation des kératinocytes du canal folliculaire.
3. Propionibacterium acnes et son biofilm : le PAcnes est une bactérie Gram+, anaérobie, hôte commensale qui s’active, devient pathogène et joue un rôle primordial dans l’induction et le maintien de la phase inflammatoire de l’acné.
– Le biofilm est une communauté de bactéries qui communiquent entre elles par le biais de signaux (quorum sensing P. Acnes). Elles sont capables de secréter une sorte de colle protectrice (glycocalyx).
– L’étude du génome de P. Acnes (71 souches; 2333 gènes) a montré qu’il existait un gène codant pour le biofilm; différents microbiomes de P. Acnes ont été identifiés; les patients acnéiques présentent majoritairement les ribotypes RT4, RT5.
– Ce biofilm favorise l’adhérence de P. Acnes au follicule pilosébacé, sa prolifération augmente sa résistance aux antibiotiques.
– Inflammation avec relargage d’interleukine IL-1beta; activation des Toll-Likereceptors (TLR2 et TLR4); l’inflammasome et des peptides antimicrobiens.
LES TRAITEMENTS
COSMETIQUE ET THERAPEUTIQUE LOCALES
– Gel moussant à Ph acide.
– Cosmétiques ciblés : crème hydratante contenant de la Myrtacine, du Procerad + acide linoléique, de la Licorice, associée à un réducteur de l’inflammation via les Toll-Likereceptors et un réducteur du biofilm de P. Acnes.
– Produits de maquillage et camouflage.
– Photoprotection recommandée, FPS 30.
– Acné à composante rétentionnelle: rétinoïdes topiques ou Adapalène à 0,1 %.
– Acné à prédominance inflammatoire: peroxyde de benzoyle à 5 %, acide azélaïque gel à 15 % ou crème à 20 %; Adapalène + peroxyde de benzoyle, Niacinamide (Vit PP).
TRAITEMENTS PER OS
– Gluconate de zinc (acné inflammatoire minime), Cyclines (doxycycline 100 mg/j ou lymecycline 300 mg/j) (acné polymorphe modéré).
– Erythromycine 1 g/j, réservé aux situations particulières (femmes enceintes).
– Association de l’antibiothérapie orale avec traitement local (PB ou Rétinoïde) ; AB local non recommandé car risque de résistance : érythromycine 80 %, tétracycline 10 %.
– Hormonotherapie chez la femme souhaitant une COP: avec progestatifs désogestrel, gestogène, ou lévonorgestrel, ou norgestimate ou drospirénone. Seule AMM dans l’acné: triphasique éthinyl- estradiol (35 μg) + norgestimate 180-215-250 mg.
– Isotretinoïne. Dose totale nécessaire: 120 mg/kg, médicament soumis à des règles strictes de prescription.
TRAITEMENTS ALTERNATIFS OU ADJUVANTS
Les peelings aux acides de fruits (4 séances à 3 semaines d’intervalle); les LED (photobiomudulation) ; la PDT (Photothérapie dynamique) avec le Metvixia (hors AMM) mais avec effets secondaires.
CONCLUSION
Proposer un contrat à court terme d’observance de la thérapeutique prescrite (1 à 2 mois) et surtout détailler le mode d’emploi du traitement et aborder l’hygiène de peau spécifique.
L’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêt pour cet article.
Anny Cohen-Letessier, Dermatologue, Paris
Article paru dans le Genesis N°189 (avril/mai 2016)
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