Twitter®, YouTube®, Facebook®…: que fait la police ?
Un limite SDF qui projette de massacrer un train, un habitant de Virginie qui tue une présentatrice TV de 24 ans et un cameraman de 22 ans car on l’a licencié et… qui filme son assassinat et le poste sur YouTube®, un homme décapité par un employé licencié (bis) qui se réclame du djihad. À Bangkok, cet été, encore d’autres horreurs… Sans revenir sur les événements Charlie et autres Koulibali… ou encore ces décapitations scénarisées et ritualisées. Et sans oublier les images de boat people qui avec leurs morts réguliers à fond de cales ou noyés ou encore en décomposition, enfermés dans un camion frigorifique… ne peuvent décidément pas manquer de nous serrer la gorge lorsque nous les subissons (tout de même culpabilisés) entre la poire et le fromage aux journaux télévisés de 20H. Quant aux extrémistes religieux, fous violents, rancuniers, tenaces et perfides, aux cowboys du revolver et de la kalachnikov, les voici dotés, grâce aux réseaux sociaux, d’un pouvoir exorbitant servi sur un plateau d’argent : le pouvoir médiatique. Plus : grâce à ces réseaux, «les vieux media» radios et TV, gloutons de catastrophes en tous genres, de s’engouffrer à «rédaction perdue» dans la spirale des mauvaises nouvelles. Les réseaux sont devenus en effet une de leur source fondamentale de catastrophes en tous genres. Un revenu publicitaire attenant leur permettant, sinon de prospérer, au moins de subsister face à la vague du numérique…
On a pu ainsi, récemment, assister en direct à l’assassinat d’une journaliste américaine de Virginie (ses cris de terreur y compris) : les jeux du cirque ont à présent définitivement leur version moderne ! Nous voici donc invités par millions à assister à ces massacres à répétition, à l’instar des guillotinages qui attiraient les foules vociférantes sur place publique. Le «Journaliste Citoyen» est encouragé à y «poste» tout et n’importe quoi. Les assassins s’y mettent de plus en plus en scène avec générosité. Ce «Journaliste Citoyen» n’y gagne pas un sou mais visibilité et notoriété, ce qui le paye largement de ses efforts !
A vous faire gerber en quelques secondes !
L’Internet du XXIe siècle tourne actuellement une page : les meurtriers veulent être filmés, vus, avoir des témoins. Et les audiences des images des tueries sont amplifiées car les tweets lancent maintenant immédiatement leurs images sanglantes : impossible d’y échapper. Chacun, avec son QI, son éthique, ses éventuelles pathologies mentales et ses crédos y publie ce qu’il veut, quand il veut.
Les supports des réseaux, Twitter®, YouTube®, Facebook®, instrumentalisés par les tueurs de tout poil, eux se frottent les paluches et s’enrichissent à coups de milliards de dollars. Ces vidéos en autoplay (en français : en boucle) sont en effet très lucratives pour ces plateformes grâce au nombre important de vues. Aujourd’hui leur stratégie est passive, molle et en aval : ils attendent le signalement «litigieux» pour bloquer. Les applications Meerkat® ou Periscope® permettant la mise en ligne instantanée de vidéos juste filmées ont encore étendu les possibilités de ces journalistes en herbe, les incitant encore plus à de nouvelles «performances artistiques». Que fait la police ?
Bref ici on ne s’autorise pas à faire, à dire et à montrer n’importe quoi. Nous atteignons maintenant la limite des avantages de l’information accessible à tous et immédiatement : la balance bénéfices risques des media et réseaux sociaux n’ayant toujours pas de vrai code de déontologie pourrait maintenant pencher en faveur des risques majeurs. Bon automne avec Genesis !
Article paru dans le Genesis N°186 (septembre/octobre 2015)
19 commentaires