Crise des pilules : et maintenant ?
Beaucoup de bruit ! Une crise «émotico-politico-médiatique» d’une rare intensité mêlant tour à tour des ingrédients intenses: contraception, sexe, médicolégal, justice au pénal, médecins formateurs et prescripteurs livrés à la vindicte populaire,… La crise atteint aujourd’hui son épilogue et s’apaise lentement.
Ne revenons pas sur la rocambolesque affaire de Diane 35®. Oublions les extrapolations de morbidité basées non sur des vrais chiffres mais sur des estimations, les joutes d’experts, les délires media susceptibles d’affoler la plus solide des femmes… Un véritable feuilleton dont je vous épargne le détail.
Que restera-t-il de tout cela? Comme habituellement de mauvaises et de bonnes choses.
Les mauvaises d’abord:
– Combien d’IVG supplémentaires en 2013 dues aux arrêts intempestifs des pilules ?
– Le nombre de poses de DIU a explosé : quelles en seront les conséquences ? Car tous les contraceptifs ont leurs points positifs et négatifs, ici infections là, perforation.
– Pénalisation financière des femmes sous 3 et 4 G.
– Nette défiance en la pilule dans un pays qui l’adorait et qui ne compte chroniquement pas moins de 220000 IVG/an.
– Dégradation supplémentaire de la confiance portée aux médecins montrés du doigt, choisissez soit pour leur incompétence soit pour leur asservissement aux «Big Pharma».
– Pilules, vaccins, médicaments… une chimie toxique assurément: rien ne vaut la poudre de «perlimpimpim» achetée à prix d’or.
– Nous devrions d’ailleurs bientôt cocher scolairement une «check list» de contre-indications à la pilule à chaque consultation, preuve s’il en est que nous sommes indécrottables !
– On peut d’ores et déjà craindre que les nouveaux avertissements délivrés aux femmes utilisant les 3 et 4G soient terriblement dissuasifs.
– La deuxième intention sera-t-elle conservée en France alors que l’Agence Européenne s’y refuse, laissant le médecin libre et responsable de prescrire ce qu’il considère optimum pour sa patiente ?
Les bonnes choses:
– Les bénéfices contraceptifs des CHC sont supérieurs aux risques, on le savait mais c’est important de le confirmer.
– Les pilules au norgestimate ayant l’indication contraception + acné peuvent finalement être prescrites en première intention comme celles au lévonorgestrel et à la norethisterone.
– L’information quant au risque de thrombose veineuse doit faire partie intégrante de la prescription: une femme faisant une phlébite ou pire une embolie sous pilule sera plus vite prise en charge.
– Les médecins auront subi une piqure de rappel quant au risque de TEV connu depuis… 1960.
– On ne devrait plus parler de générations mais de risque selon le progestatif prescrit.
Fallait-il une telle crise pour aboutir à tout cela et ses conséquences négatives prévisibles sont-elles le juste prix à payer pour préserver encore mieux la santé des femmes?
L’Histoire nous le dira dans quelques années.
David Elia
Article paru dans le Genesis N°177 (février/mars 2014)
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