Tant qu’on désire, on peut se passer d’être heureux, a écrit Rousseau en 1761. Et si nos concitoyens étaient si MAL heureux qu’ils ne désiraient plus rien? Abstention ou abstinence, comment qualifier la grande absence qui paradoxalement a tant fait parler d’elle ? En cartésiens amoureux des mots et mâtinées de Bernard Pivot, ressortons les dicos, sur papier ou sur Internet, selon les âges et les goûts…
S’abstenir = ne pas faire volontairement, éviter = se garder de. Abstention entraîne vers neutralité mais aussi vers récusation. Abstinence, qui dérive de même du verbe s’abstenir, y ajoute la notion de privation volontaire, de renoncement, et vous renvoie à chasteté mais aussi à hibernation… Je vous laisse apprécier et faire votre choix, en vous rappelant (mais est-ce nécessaire ?) qu’il ne s’agit pas là d’être abstème, ce qui s’obtient plutôt avec du Baclofène® qu’avec un bulletin de vote. Hasard ou nécessité, je suis tombée sur cette phrase écrite en 1910 par Chesterton dans son ouvrage «Ce qui cloche dans le monde» (notre livre de chevet à tous, bien entendu !). «La soumission à un homme faible est discipline. La soumission à un homme fort est servilité».
On peut ne pas être d’accord, mais pourquoi s’abstenir d’en sourire en la partageant avec vous?
Dr Michèle Lachowsky
Article paru dans le Genesis N°178 (avril 2014)
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